Le bien bankable malaise Andy Schleck
Tour de Suisse 2011, Andy Schleck termine à une 19eme place des familles, entre Gorka Izzaguire et Ryder Hesjedal, cinq places derrière Rojas, le sprinteur de la Movistar, plus habitué au Gruppetto qu'aux communiqués de radio tour pendant les étapes de montagne. Bref, l'équipe nous ressort des cartons l'article de 2009 et 2010 qui s'inquiète de l'état de forme du gamin, et le raye déjà de la liste des favoris. Tour de France 2011, Andy termine deuxième du tour, gagne une étape d'anthologie, et nous montre encore une fois qu'il est le plus fort en montagne. Pour ça, une seule explication, la science. Attention, pas n'importe laquelle, pas la science du Dr Fuentes, l'homme qui joue à doping manager en vrai, et qui ferait de Sandy « La Loose » Casar, un vainqueur possible du Tour. Non, la science de Paulo, étymologiquement l'étude de tous les résultats cyclistes (Du tour de France aux Boucles de L'aulne) depuis un siècle. Une heure avec Paulo, et on se rends compte qu'Andy en Juin depuis 2009, c'est une 24eme, une 14eme, et une 19eme place au tour de suisse, et qu'Andy en Juillet c'est une 2eme place, une victoire (Désolé Alberto), et une deuxième place sur le Tour. La vérité, c'est qu'Andy marche comme ça. Depuis quatre ans, Andy du mois de Juin est « à la rue » selon l'équipe, « en pleine regression » selon Eurosport ; avant de faire péter la braguette de Jaja et de Thierry Adam un mois plus tard, lachant Contador and co en bouffant des cacahuètes, et faisant passer Cadel Evans pour Andy Murray, obligé de dire que c'est parce que son coude lui fait mal qu'il à pris dix minutes dans les carreaux.
Hier, rebelote, après un prologue raté, Andy se rassoit sur sa selle dans une côte qui n'a de côte que le nom dans le roadbook de Thierry Adam, et se fait lacher dans le final d'une étape tout juste casse pattes, qui aurait plu à un Christophe Mengin des grands jours, et il y a fort à parier que ça continue toute la semaine comme ça, à part dans Joux-Plane ou le luxembourgeois va bien devoir suivre le plan et se donner à fond, comme il le fait depuis trois ans sur le tour.
Tour ça pour dire que si la vérité de Juin n'est pas celle de Juillet, c'est encore plus vrai pour Andy Schleck. Tout simplement parce que le type se fout royalement de terminer derrière les cyclotouristes sur le tour de Suisse ou le Dauphiné. Encore plus que les autres, il est un adepte des stages commando d'un mois en montagne en Mai, avant d'arriver completement cramé en Juin après avoir fait l'équivalent d'un Paris Moscou mais à la verticale, et parce qu'encore plus que les autres, le Andy marche au mental et n'a donc pas envie de se faire mal sur une course autre que le Tour, le Championnat du Luxembourg avec Francki, et Liège-Bastogne-Liège. Si il grimpe les cols deux fois plus vite en Juillet qu'en Juin, c'est tout d'abord parce qu'Andy n'a qu'une envie en Juin, c'est d'aller pécher dans l'étang à coté de chez lui au Luxembourg. Et comme le disait Armstrong, « si t'aime pas la douleur, t'es pas coureur cycliste ». Andy en Juin n'est pas coureur cycliste. Mais comme Andy à une gueule de playboy, l'équipe et Eurostar continuent de faire leur pain sur la méforme inquiétante d'un des favoris du tour.
Andy sera là dans un mois, contraint de courir à la Vinokourov vu le profil du tour cette année, ce qui ne peut qu'être bon pour le spectable. Je suis prêt à prendre les paris, qu'à Paris, il sera devant un coureur comme Nibali qui n'a jamais semblé aussi fort, et qui au final va se retrouver cramé sur le tour à force d'être sur le pont depuis six mois. A vrai dire, début mai, j'aurais même eu tendance à dire qu'Andy était en train de réunir les conditions parfaites pour le tour. Entouré de Johan Bruynel, le boss de 80% des vainqueurs de tour depuis 10 ans, il allait enfin arrêter les conneries et les fameux plans qui ne marchent jamais, et courir intelligement. Et Francky le frangin était parti se cramer sur le routes du Giro, avec la perspective idéale qu'il arrive à la rue sur le tour, et doivent (enfin) se sacrifier et vraiment servir d'équipier de luxe pour Andy, plutôt que d'être la cause des regards en arrière du champion toutes les 30 secondes dans chaque montée.
Mais voilà, Francky a fait une Francky. Francky est tombé, s'est fait bobo à l'épaule, trouvé une excuse pour quitter le giro, rassuré à l'idée de pouvoir être en forme sur le tour, pour pouvoir bien tirer vers le bas son petit frère, comme d'hab. D'ailleurs, la seule victoire d'Andy sur le tour date de 2010, quand Franck avait du abandonner sur chute (tiens tiens) dès le début du tour. Personne n'est dupe, et surtout pas Bruynel qui n'a pas manqué de clasher le manque de courage de Franck, défendu par junior, provoquant un début de malaise dans l'équipe.
Du coup, je dirais qu'Andy en est au même stade que d'habitude. Il va débarquer sur le tour avec encore moins de certitudes que d'habitude, avec son frangin pour servir de frein à main, mais avec l'un des plus fins tacticiens pour l'aider à gagner enfin le tour à la pédale. La seule incertitude concerne en réalité cette relation ambiguë entre Andy et son nouveau boss. Le problème, c'est justement qu'Andy n'a veut pas d'un boss, pas d'une relation d'affaires, comme c'était le cas entre Armstrong et Bruyneel, que tout opposait humainement sauf l'envie de gagner, toujours plus. Le cadet des schleck à toujours couru pour lui, et pour sa famille. Gagner le tour pour faire oublier à papa Jonnhy qu'il à raté sa carrière il y a 50 ans, et pour faire oublier à Franck qu'il ne gagnera jamais le tour. Saura il se donner à 100% et répondre aux ordres du mec qui à fait d'Armstrong ce qu'il est, un type d'acier, insensible à toute émotion, capable de s'entrainer toujours plus « just for the sake of sport ». La réponse dans un peu plus d'un mois.
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