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Faux-plat
11 juin 2012

Edvald Boasson Haggen : gachis ou victime d'une époque

En gagnant à la Clayette Mercredi, sur les routes casse-pattes du Dauphiné, Edvald Boasson Haggen s'est rappelé à notre bon souvenir. Coureur comptant parmi les plus talentueux de sa génération, voire même le plus talentueux, EBH n'a pas encore le palmares que certains lui prédisaient en 2007, quand il raflait tout sur son passage à 21 ans tassés, dans un sport où la plupart des coureur ne commencent à percer qu'après 25 ans. Depuis, hormis un magnifique Gand-Wevelgem en 2009 et deux étapes du tour l'an passé, EBH na gagné aucune grande course. Certains parlent de gachis, mais peut on en dire autant d'un coureur comptant 60 victoires professionelles à 25?
Ce qui détonne pourtant, c'est que Boasson Hagan est une machine exceptionnelle, au même titre qu'un Cancellara ou un Hushovd, beaucoup plus complet qu'un Cavendish, un Schleck, voire même un Contador. Excellent sprinteur, très bon rouleur, capable de passer de passer les bosses pas avec les tout meilleurs mais pas loin, EBH est sur le papier le coureur parfait. Pour autant, il n'a pour l'instant jamais remporté une classique majeure, ni un maillot distinctif dans un grand tour, et deux victoires d'étapes sur le tour, c'est toujours moins que Sandy Casar. Alors, gachis? Pas vraiment, dans le sens où c'est d'abord la marche actuelle du cyclisme plutot que Boasson Hagen lui même qui est en train de peut être flinguer la carrière de l'ancien futur Merckx. En effet, à l'époque de l'hyperspécialisation du cyclisme, EBH est presque trop polyvalent. C'est triste à dire, mais à l'époque des oreillettes, des courses hyper cadenassées, mieux vaut être mauvais partout et hors-norme dans un domaine, que très bon partout (exemple au hasard, Cavendish). Boasson Haggen me fait penser à un Pozzato du début de carrière (celui qui gagne Milan San-Remo et ne fout pas en l'air sa carrière à la manière d'un Ronaldinho) ou surtout d'un Armstrong de début de carrière. Avec Armstrong d'avant son cancer, on a là l'idéal type du coureur à la Boasson Hagen. Un coureur hors norme, capable de gagner partout, comme un titre de Champion du Monde à 23 ans, mais qui au final ne gagne quasiment rien parce que toujours barré sur n'importe quelle course par un coureur ultra-spécialisé et qui sera meilleur que lui là ou se fera vraiment la différence, à savoir un sprint, ou une arrivée en bosse. Il y aura toujours quelqu'un de plus rapide au sprint que Boasson Hagen, ou avec plus de punch dans une bosse. D'ailleurs Armstrong est devenu Armstrong en perdant cinq kilos et en choisissant de se spécialiser et de devenir grimpeur, transformant un potentiel, un moteur exceptionnel (comme EBH), en des capacités hors normes de coureur de tour. Pari qu'un Wiggins ( Légende de la poursuite, épreuve ultra revélatrice du "moteur" d'un cycliste, de sa Vo2 max) est en train de tenir.
Edvald Boasson Haggen a il interet à suivre la même route que ces deux champions? On en droit de se poser la question, car serieusement, que peut espérer aujourd'hui EBH, avec ses caractéristiques actuelles? Pas un grand tour, pas assez bon grimpeur. Au sprint, il est barré par Cavendish, Greipel et la plupart des purs sprinteurs. Et à partir du moment où il n'a pas le punch d'un Gilbert ou d'un Rodriguez, il ne peut pas entrevoir une classique ardenaise. Enlevez Paris-Roubaix et le Tour des Flandres, qui ne s'offrent aujourd'hui qu'aux purs spécialistes des courses flandriennes, et il ne reste quasiment rien. Rien, à part peut être, comme le Premier Armstrong, un championnat du Monde, course qui pourrait lui convenir, assez difficile, mais qui se finit souvent par un sprint dans un peloton réduit. Mais là, pas de bol, EBH est norvégien, connement Norvégien, comme George Best fut connement Nord-Irlandais, ou George Weah connement Libérien. C'est à dire que toute sa carrière, il sera seul dans son équipe nationale (excepté Hushovd, mais qui sera à la retraite d'ici 2 ou 3 ans). Attention, le vélo n'est pas le foot, et il est possible d'être champion du monde quand on est norvégien, Hushovd l'a bien montré. Simplement, dans la course qui correspond peut être le mieux à ses caractéristiques et à sa polyvalence, le championnat du monde, EBH ne doit pas s'attendre à avoir cinq coéqipiers avec lui dans le final pour le ramener en cas de pépin ou pour lui lancer le sprint, ce qui peut parfois être assez utile, Mario Cippollini ne dira pas le contraire. Alors voilà, EBH va bientot entrer dans l'age d'or de toute carrière cycliste, et il est sans doute à un moment charnière de sa carrière. Se spécialiser? Il n'en a peut être pas les moyens ou l'envie. Il a quand même couté à Armstrong un Cancer et une couille pour devenir le Armstrong ( auto surnommé Juan Pelota, mono-couille) que tout le monde connait. Il peut aussi prier, et espérer une explosion tardive. Après tout, Gilbert commençait à devenir une éternel espoir quand tout s'est débloqué sur l'Avenue de Grammont en 2008, à 26 ans.
Le choix lui appartient, et la seule chose que l'on puisse lui dire, c'est de continuer à bosser et de ne pas se retrancher derrière des excuses bidon (au hasard, les francais avec le dopage). Peut être ne deviendra il pas Gilbert ou Armstrong. Mais au moins il évitera de faire une Pippo Pozzato, c'est déjà ça.

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  • Déjà que c'est chiant pour nous, qu'est-ce que les gens doivent s'ennuyer devant leur télé ! Vivement que ça grimpe..." David Moncoutié Faux-plat, l'observatoire du vélo, pour les baroudeurs qui préfèrent s'échapper.
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